Une enquête impromptue [Solo]

Jiraiya a écrit:: Des ouï-dires ...

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Voyager. Boire. Mater. Ecrire. Draguer. Ne penser à rien d'autre qu'au simple temps qui passe. En voilà de belles occupations. Agréables et apaisantes, sans le moindre souci venant perturber le tout. Des activités que notre ami Jiraiya appréciait plus que tout au monde. En tant qu'ermite vagabond, autorisé grâce à sa célébrité et sa puissance à quitter sans raison son village natal et ce pour une durée indéterminée, il aimait en profiter. Depuis des années. De temps à autres toutefois, il retournait à Konoha, son village, afin d'agir en tant que shinobi. Enfin, plus ou moins ... Car il restait avant tout un ninja des feuilles, bien que rien ne l'indiquait dans sa tenue vestimentaire. Un homme qui avait, de plus, de nombreuses raisons de faire des allers-retours fréquents au village. Raisons qu'il n'avait pas il y a cinq ans de cela. De jolies jeunes femmes à espionner en cachette. Des recherches à faire pour son prochain roman. De vieilles connaissances à soutenir. Quelques uns de ses plus grands fans. Une nouvelle génération intrigante et capable de surpasser toutes les précédentes. Une vieille amie à laquelle il tenait tout particulièrement, bien qu'il ne l'ait jamais dit ainsi. Et sans oublier son dernier élève, Jinchûriki de Kyûbi, futur Hokage, fils de son élève, et filleul. Il faut bien avouer que c'était avant tout pour ce garçon que le Sannin était souvent présent à Konoha.

Uzumaki Naruto, fils de Minato et de Kushina, tous deux décédés à sa naissance. Jiraiya n'avait pas été présent durant ses jeunes années. A la mort de son élève tant aimé et de sa femme, il avait quitté sans tarder le village, afin d'errer et de trouver ce qu'il cherchait depuis des années, ignorant son devoir de parrain. Il y a quelques années, il était revenu, avait pris le blondinet sous son aile puis avait quitté le village avec lui durant près de trois ans afin de l'entraîner comme jamais. Il était devenu comme un père pour l'adolescent, et avait assuré son rôle du début à la fin. Aujourd'hui, Naruto était de retour dans son village. Il avait retrouvé sensei, amis et amoureuse, sans parler de sa vie de shinobi. Pour le quinquagénaire, son devoir de mettre ce jeunot au plus haut niveau était terminée. Il veillait sur lui, mais c'était à Kalashi et à Tsunade de s'en occuper. Des choses et événements cruciaux l'attendaient, il devait s'en charger. Car personne ne le pouvait mieux que lui.

Akatsuki, l'organisation criminelle la plus dangereuse du continent. Comportant à l'origine dix shinobi, ses membres dont les identités étaient connues faisaient bégayer ceux qui osaient en parler. Actuellement, cinq noms étaient dévoilés : l'exploseur fou Deidara d'Iwa, le marionnettiste de génie Akasuna no Sasori de Suna. Le requin épéiste dément Hoshigaki Kisame de Kiri, le meurtrier de son propre clan au Dôjutsu légendaire Uchiha Itachi de Konoha, et le serpent fourbe des Sannin Orochimaru de Konoha également. Tous classés Nukenin de rang S pour leur puissance et leurs crimes respectifs, l'un deux était pourtant mort récemment suite à un affrontement avec les amis de Naruto. Sasori s'était éteint, tandis qu'Orochimaru avait quitté les nuages rouges depuis bien des années. Mais les survivants associés aux inconnus peuplant encore ce groupuscule demeuraient terrifiants. Qui sait ce qu'ils pouvaient faire ensemble. Leur but était cependant connu de tous à présent, et ce depuis leur première tentative. Capturer les neuf Bijû habitant ce monde. Pour cela, Itachi et Kisame avaient déjà tenté de capturer Naruto, mais forcés de fuir face au crapaud, ils n'étaient jamais revenus à la charge en trois ans. Deidara et Sasori, pour leur part, avait très récemment capturé le Kazekage Gaara, hôte d'Ichibi, et lui avaient extrait son démon, d'où la mort de l'ancien Sunajin. Ils reprenaient donc leur chasse, quelqu'un se devait de les trouver.

C'est pour cette raison que le vieil ermite faisait autre chose que ces occupations citées ci-dessus, ce jour-là. Réfugié dans une vieille auberge non loin du Pays de la Pluie, occupé à boire et à regarder les quelques filles qui osaient passer dans ce repère de criminels, le géant écoutait également. Accoudé au comptoir tel un pauvre sans domicile, il enchaînait verre de sake après verre de sake. Les joues déjà fortement teintées de rouge, affichant donc clairement sa perte de sobriété, l'ermite n'avait pourtant jamais eu les idées aussi claires. Étrangement, bien que dans cet état il était capable de dire les pires âneries et de se mettre tous les occupants du bâtiment à dos en l'espace de trente secondes montre en main, il était parfaitement stable dans son esprit tant qu'il ne parlait pas. Jiraiya s'était invité dans ce recueil de gros bras afin d'obtenir des informations sur Akatsuki. Depuis quelques temps déjà, ses quelques indics, forcés ou non, le faisaient graviter tout autour du Pays de la Pluie, parfaitement situé entre celui du Feu, du Vent et de la Terre. Parfaitement, c'est manière de dire, car cet emplacement lui avait causé nombre de destructions lors des deux dernières grandes guerres. L'ivrogne notoire était très bien placé pour le savoir.

Continuant son enquête là où les paroles d'hommes et de femmes soit effrayés soit "généreux" l'avaient mené, Jiraiya n'avait pu s'empêcher de s'engouffrer dans ce boui-boui infect, attiré par l'odeur de l'alcool et par l'argent à dépenser. Le belle femme qu'il avait vu en sortir lui avait également donné envie d'y pénétrer, espérant y trouver d'autres à l'intérieur. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'il vit que la taverne n'était peuplée presque que d'hommes, et que les trois bonnes femmes présentes étaient nullement attirantes pour un homme normalement constitué ... Moins de femmes équivalant à plus d'alcool, cela expliquait son état actuel. Ses songes tourmentés et peu limpides furent cependant chassés par les messes basses de deux hommes bourrus, buvant leurs verres à quelques mètres derrière son dos, assis à une table. Ces derniers échangeaient sans prendre la peine de réellement chuchoter. Ils savaient que dans ce genre d'endroits, les autres ne se préoccupaient pas de ce que l'on disait, au risque de se voir disparaître. Tout le monde s'occupait de ses propres affaires et le tout allait pour le mieux. C'est pour cela que ce type de bâtiment était idéal pour notre protagoniste, qui avait le loisir d'écouter tout ce qu'il voulait sans avoir à s'approcher à un mètre de ses cibles.

- ... toute petite. Il lui aurait parlé soi-disant. Conneries, je dis ! s'emporta l'un des deux

- T'en sais rien ! rétorqua son congénère d'une voix forte. Personne sait c'que pense et veut l'chef. Dieu ... Y règne, y fait c'qu'il veut. Mais si une abrutie a osé le surprendre et s'adresser directement à lui, elle est sûrement plus d'ce monde.

Le premier acquiesça et tous deux se turent un instant, au grand dam du crapaud saoul. Un Dieu ? Un chef ? Une femme plus de ce monde ? Il aurait aimé entendre un nom, savoir de qui ils parlaient. Cependant, après une brève minute de silence de leur part, les deux hommes se levèrent, accompagnés du grincement de leurs chaises respectives sur le sol. Ils laissèrent quelques pièces sur leur table, en s'assurant bien que le tavernier les avait vus faire, puis quittèrent l'endroit sans un mot. Probablement pour continuer leur conversation au dehors. Il était donc temps pour Jiraiya de faire de même. Il sortit un gros billet de sa bourse, ignorant le montant qu'il offrait au propriétaire des lieux, et se dirigea d'un pas chancelant en direction de la porte. Evidemment, il attendit quelques petites minutes avant de retrouver l'air frais de l'extérieur, souhaitant s'assurer que ceux qu'il s'apprêtaient à suivre soient suffisamment loin. Durant ce laps de temps, l'un des occupants de l'auberge crasseuse vit l'argent laissé par notre ami au tavernier, et tenta de lui dérober discrètement sa bourse. Comme dit précédemment, l'ermite gardait les idées claires, et ce fut d'un violent coup de pied dans le buste qu'il le propulsa à l'autre bout de la pièce, le tout accompagné d'un "Pas touche, toi !" peu compréhensible de sa part et de protestations de la part des autres. En temps normal, il n'aurait pas été aussi violent, mais son taux d'alcoolémie jouait en sa défaveur à la moindre action. Suite à cela, il quitta enfin le refuge.

A suivre ...

Jiraiya a écrit:: ... mènent bien souvent ...

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La pluie s'était nettement calmée au dehors. Les cieux avaient fini de libérer ces trombes d'eau en surplus en leur sein, à présent. De ce fait, notre Sannin ne put profiter de la fraîcheur agréable des fines gouttelettes qui tombaient quelques minutes auparavant pour le réveiller. Il avait sombré durant un bon moment dans l'alcool et, malgré le fait que ses idées restaient plus ou moins en ordre, il n'allait pas en falloir beaucoup pour le faire s'écrouler au sol ivre mort. Or, ce n'était pas réellement le moment. Durant sa mission principale, à savoir sa recherche d'informations sur Akatsuki, une conversation entre deux hommes - pas spécialement fréquentables on peut le dire - avait étrangement attiré son attention. Ce n'était donc pas le moment pour s'écrouler à cause d'une ou de deux petites heures de beuveries. Le grand Jiraiya valait quand même mieux que cela ...

Préparé à suivre furtivement les deux compères, notre protagoniste mit donc les pieds à l'extérieur de la taverne, qu'il venait par ailleurs de quitter dans le grabuge. Par chance - et par précaution prise par le Konohajin, avouons-le -, les deux hommes aux propos étranges étaient déjà loin, à environ cinquante mètres à la gauche de l'ivrogne notoire. Ils arpentaient tranquillement cette grande route menant directement à une ville plutôt imposante du Pays de la Pluie. Il se devait donc de les filer afin de savoir à qui ces probables criminels faisaient référence à l'instant. S'élançant brusquement et d'un pas motivé, Jiraiya commença par le pied droit qu'il jeta en avant ... et qui se plongea dans une marre de boue si profonde que le crapaud manqua de tomber en avant, tandis que la moitié de son membre inférieur droit disparut dans une masse marron liquide. Néanmoins, notre homme réagit suffisamment vite afin d'éviter la chute honteuse au beau milieu de cette route très empruntée par les touristes et les marchands, et s'écarta d'un geste vif de ce piège naturel. Manquant de jurer, Jiraiya tourna les talons et partit à la poursuite de ses cibles. Il ne devait rien manquer de ce qu'ils échangeaient, tant qu'il s'agissait là de leur sujet de conversation. Le quinquagénaire le savait, il en fallait bien peu pour dévier de discussion et partir sur autre chose. Il devait donc faire vite.

Ce fut toutefois inutile. Une fois suffisamment proche d'eux pour entendre distinctement leurs voix, il se rendit bien vite compte que ce "Dieu" dont il parlait précédemment n'était plus au centre de leur conversation. A présent, seuls des propos vulgaires concernant les marchands trop envahissant de la zone s'échappaient de leurs bouches trop bavardes. Jiraiya, pour sa part, passait inaperçu grâce à un simple Henge : notre ami avait pris l'apparence d'un simple marchand lambda afin de ne pas se faire repérer. Tout comme bon nombre de passants sur cette route, il avançait à vitesse modérée, faisant mine de s'intéresser aux alentours tout en restant assez près des deux comparses pour ne rien perdre de leur blabla. Malheureusement, après plus de trente minutes ainsi, à les suivre sans rien récolter, la seule bonne chose qui était arrivée à l'ermite était d'avoir la vue un peu moins brouillée qu'à son départ de l'auberge. Par chance, l'alcool n'avait jamais eu un effet sur le long terme, sur lui. Surtout lorsqu'il était en mission. C'est pourquoi, après presque trois quarts d'heures de filature intempestive sans résultat, et tandis que la distance à parcourir pour arriver à la prochaine ville se réduisait petit à petit, le Sannin décida de changer de tactique. L'approche de base était un échec, il était temps pour lui de passer à la tromperie. C'est pourquoi il disparut soudainement de derrière ses cibles, pour avancer rapidement jusqu'à la prochaine étape.

Ainsi, il rejoignit au plus vite un point à quelques centaines de mètres plus loin, un point devant lequel les deux acolytes allaient très prochainement passer. Il s'agissait ni plus ni moins d'une petite zone de la grande route au bord de laquelle nombre de saltimbanques, guides, et marchands itinérants en tout genre s'installaient la journée, dans l'espoir de vendre leurs services avant que les touristes n'atteignent enfin la grande ville suivante située à deux petits kilomètres en contrebas. Et malgré le temps peu agréable qui dominait la majeure partie de cette journée, Jiraiya - toujours sous une fausse apparence - remarqua que cette portion du chemin était toujours aussi remplie. Il décida donc de s'y installer en tant que marchand, prêt à bondir sur ses proies le moment venu. Se plaçant tout au bout de la zone, afin d'être le dernier devant lequel ils allaient passer, il assomma, lorsqu'il vit que personne ne faisait attention, d'un simple coup sur la nuque celui dont il allait prendre la place, et plaça le quadragénaire endormi - et puant - au fond de sa cahute, là ou personne n'allait le remarquer avant que lui-même n'ait déguerpi. Prenant instantanément l'apparence de sa pauvre victime afin de ne pas attirer l'attention des voisins, il se plaça au bord de la route et attendit, comme les autres. Il ignorait ce qu'il était supposé vendre et s'en fichait royalement : il allait attirer ses proies en inventant et espérait les faire parler. Après tout, cela ne semblait pas les déranger d'être entendus il y avait un peu plus d'une demie-heure. Quant au lieu, il était idéal. Il allait avoir l'occasion de les amener au bout de sa petite cour improvisée par le marchand original, et ce sans que personne ne puisse distinguer ce que l'ermite leur montrait, ou plutôt leur demandait.

Il fallut presque dix minutes supplémentaires pour que les deux hommes bourrus arrivent finalement à hauteur de l'échoppe du faux marchand. Durant ces dix minutes, ce dernier en profita pour clore les yeux et se vider la tête. Bien qu'en meilleur état qu'à sa sortie de la taverne, un mal de crâne avait brutalement surgi depuis, et ce n'était pas le meilleur moment. Il ne savait pas ce qu'il allait apprendre dans les minutes et dans les heures qui allaient suivre. Cela pouvait tout aussi bien être une information cruciale sur un criminel très dangereux, voire même sur la fameuse organisation Akatsuki, que des ragots absolument inintéressant pour la légende de Konoha qu'il était. Avec l'expérience, Jiraiya avait appris que tout pouvait arriver n'importe où, n'importe quand, et n'importe comment, et qu'il ne fallait rien négliger sous prétexte qu'on avait mieux à faire.

Enfin, les deux cibles passèrent à quelques mètres devant lui. Subitement, le faux visage de Jiraiya s'éclaircit d'un large sourire qu'il voulait chaleureux. Il se leva joyeusement et tendit l'un de ses bras en direction de ses interlocuteurs qui s'arrêtèrent, sur leurs gardes.

- Aaaah ! Enfin ! Voilà ce que je cherche ! Allons messieurs, venez voir ma marchandise ! s'écria Jiraiya, dans son rôle

Les deux amis, visiblement apaisés, agitèrent sèchement les mains en guise de refus, sans un mot, mais notre héros insista.

- Allons, deux hommes forts comme vous seraient aussi bêtes ? Je ne crois pas. J'ai dans mon stock personnel des outils qu'aucun guerrier de votre trempe ne peut refuser. Grâce à ça, c'est la promotion garantie, je peux vous l'assurer !

Les flatter semblait être la bonne solution, comme l'avait deviné le vieux Konohajin. Après un bref échange de regards intéressés entre eux, les criminels acceptèrent de suivre le marchand jusqu'à son soi-disant stock privé. Ainsi, ils prenaient confiance, et le crapaud allait pouvoir les faire parler dans un coin, comme il savait le faire avec ce genre de gaillards. C'est tout du moins ce qu'il pensa un bref instant, car ce fut de très courte durée. En effet, il avait pris les devants, afin de les mener tout naturellement au fond du terrain, bien caché par la cahute et où se trouvait une petite tente grossièrement plantée. Cependant, après une vingtaine de mètres parcourus dans le dos de notre héros, et dans un silence qu'ils voulaient le plus total, ils attaquèrent tous deux l'ermite. L'un avait lancé trois kunai en direction de la nuque du pervers tandis que l'autre s'était joint aux projectiles kunai en main, afin de lui transpercer le cœur d'un seul coup. Evidemment, c'était sans compter sur l'expérience du héros de la Seconde Grande Guerre, qui dissipa le Henge dès l'instant où il reconnut le bruit d'un kunai tiré de son étui, et qui développa et durcit sa longue chevelure blanche afin de se protéger des attaques tout en se retournant pour les avoir dans son champ de vision. Les trois armes de jet heurtèrent l'armure capillaire dans un bruit de ferraille avant de simplement s'écraser sur le sol. Quant à celui des deux qui avait osé s'approcher de l'ennemi que représentait Jiraiya, son coup n'eut également aucun effet, et il se retrouva agrippé par la masse de cheveux de couleur neige. Oui, le Sannin avait utilisé deux jutsu en un. Ce fut pourtant celui en position de faiblesse qui prit la parole.

- Pas une bonne idée d'utiliser un Henge pour s'en prendre à nous, tu sais ? fit-il un sourire aux lèvres

- Hm ... On ne peut même plus utiliser ce jutsu pour obtenir des informations, dans ce pays, répondit simplement Jiraiya. Ça a bien changé, depuis le temps. Bon, il faut avouer que j'ai déjà fait plus poussé.

Il rétracta alors la majeure partie de ses cheveux, mais garda le bavard tenu. Alors, il agita brusquement ce qui tenait celui-ci par le bras afin de projeter l'homme - laid qui plus est - jusqu'à son ami immobile. L'instant d'après, il avait bondit pour se retrouver à quelques mètres dans leur dos, leur bloquant la route s'ils voulaient retourner sur le grand chemin non loin de là, et sur lequel circulaient encore actuellement bon nombre d'hommes et de femmes. Mais Jiraiya se doutait à présent d'une chose depuis leur attaque : il ne s'agissait pas simplement de simples bandits. A la vue de leurs kunai et de la précision dont ils avaient fait preuve, il devait s'agir de shinobi, probablement du majestueux village d'Ame, au cœur du Pays de la Pluie. Etant encore bien loin dudit village caché de la pluie, ces ninja qui lui faisaient face ne souhaitaient probablement pas ameuter les citoyens aux alentours. Et ce fut Jiraiya qui reprit la parole, tandis que l'homme projeté, qui avait eu l'audace de le tutoyer, se relevait sans peine pour se tourner vers lui.

- Allons, pas la peine de s'énerver ! J'ai juste une ou deux questions à vous poser et je vous laisse continuer votre route.

Aucun mensonge. L'ermite alcoolisé disait vrai. Il n'avait aucune intention de s'en prendre à deux shinobi d'Ame, d'autant que ce village était totalement fermé à l'extérieur et ce depuis de très nombreuses années. Konoha ne faisait pas partie de ses alliés, et n'en ferait probablement jamais partie. Et Jiraiya ignorait complètement où en était ce village, autrefois détruit par la guerre. Mieux valait ne pas attirer l'attention de la pluie sur la feuille car l'un des célèbres ninja de ce dernier village s'en était pris à ceux du premier. Toutefois, les deux qui faisait face à Ero-Sennin ne semblaient pas de cet avis ...

- Et t'es qui pour nous poser des questions, toi ? répliqua bêtement celui qui venait de voltiger sur quelques petits mètres

Ou plutôt, ils ignoraient avoir affaire à un ninja de Konoha. Et pourtant, Jiraiya savait qu'en évoquant son nom, les deux hommes allaient le reconnaître. Car en effet, son nom et ses faits étaient connus internationalement, mais plus encore au sein du Pays de la Pluie, qui avait vu naître la légende des trois Sannin de Konoha. Se laissant guider par son instinct - et par le sake coulant dans ses veines -, l'ermite pris position sur un pied, bras tendus, l'un en avant, l'autre en arrière, et commença sa présentation.

- Hooo ! Je suis celui qui fait que là où il passe les ennemis trépassent ! entama-t-il de sa voix rendue bien plus étrange par l'alcool consommé. La paix est ma mission, les femmes sont ma passion. Ermite, Sannin, j'ai plusieurs noms. Mais appelez-moi ... fit-il en terminant ses pas de danse et en concentrant du Chakra dans le creux de l'une de ses mains ... Jiraya-samaaa !

A l'instant même où la dernière syllabe fut prononcée, il se précipita sur le plus bavard des deux et l'atteignit en plein estomac avec son jutsu, dont il avait atténué la puissance afin de ne pas lui ôter la vie : Rasengan ! Finalement, ses idées n'étaient plus si claires que cela étant donné qu'il venait d'attaquer ouvertement un Amejin avec un jutsu de rang A. Cependant, cette démonstration de force, qui propulsa brutalement mais silencieusement le criminel une vingtaine de mètres plus loin encore, combinée à l'annonce de son identité avait immédiatement calmé le second homme, plus discret, qui se retrouvait à présent à deux infimes mètres du Sannin. Comme l'avait deviné ce dernier à la taverne, le gros dur était celui qui venait d'être mis hors circuit, et non celui-là, qu'il n'avait quasiment pas entendu depuis le début. Ainsi, d'une voix pressée mais qu'il souhaitait garder calme, l'homme - plus petit que son binôme - demanda en quoi il pouvait bien aider notre héros. Celui-ci fut d'abord étonné d'une telle maîtrise de soi chez cet homme qui avait dû être bien formé, mais poursuivit.

- Je vous ai entendus parler d'une jeune femme et d'un dieu, tout à l'heure. Je veux juste savoir de qui il s'agit.

- Il s'agit pas "d'un dieu", rétorqua le ninja d'Ame. Mais juste de Dieu lui-même. Et c'est pas une jeune femme non plus, plutôt une jeune fille, à c'qui paraît.

Il fit une pause dans ses propos, comme si ces trois simples phrases avaient suffi a rassasier la curiosité du légendaire pervers. Comprenant, par le regard de notre ami, que ce n'était pas le cas, il continua.

- J'ai juste entendu dire qu'une petite de Konoha aux yeux tous blancs s'étaient pointée à Ame pour parler à Dieu, et qu'elle l'avait fait. Mais comme j'le disais, c'est des conneries ! Et soi-disant qu'elle était suivie par un autre gars de Konoha sur le trajet, mais qu'il l'aurait perdue ...

Jiraiya en avait entendu assez. Il n'avait toujours pas de noms donnés aux deux individus principaux concernés, ni même au troisième qui venait d'apparaître, mais il se doutait bien de l'identité de l'un d'entre eux. Une "petite de Konoha aux yeux tous blancs", cela ne courait pas les rues. Et encore moins des poursuivies par un homme du village. Les seuls hommes et femmes aux yeux entièrement blancs s'avéraient être les Hyûga, les membres du clan le plus noble et le plus puissant du village. Deux d'entre eux, par ailleurs, Hyûga Hinata et Hyûga Neji, figuraient parmi les plus proches amis de Naruto. Et Jiraiya avait tout naturellement entendu parler de cette jeune Hyûga à l'histoire dramatique et singulière, une jeune fille chez laquelle on avait finalement décelé une schizophrénie grave. Son père lui-même avait été un Nukenin et était mort en tant que tel. Depuis un bon moment déjà, cette Hyûga prénommée Sora était sur la liste des éventuels futurs Nukenin de Konoha, tout comme l'avait été Sasuke et Orochimaru de leurs temps. Finalement, si ces rumeurs étaient fondées, il y avait de fortes chances pour qu'elle ait été se réfugier dans le village d'Ame, qui semblait être dorénavant un repère de brigands et de criminels.

- Tu sais où trouver cet autre gars de Konoha ? ajouta Jiraiya en s'approchant lentement de son interlocuteur

- C'est des on dit, je sais pas si il existe vraiment ce mec ... répondit simplement l'Amejin qui reculait doucement

Le Sannin soupira. Cela ne l'arrangeait pas. Si la schizophrène avait quitté le village et que Tsunade s'en était rendue compte, elle avait probablement dû la faire suivre par un Jônin ou un ANBU. C'était donc tout à fait plausible que celui-ci ait vraiment été présent récemment. Mais il fallait que le crapaud le retrouve pour avoir confirmation de tout cela, et ce n'était pas chose aisée, en revanche. Il plaça tout cela de côté et posa une dernière question à celui qui était devenu subitement très bavard.

- Qui est ce Dieu dont vous parlez sans cesse ?

- Je sais pas, moi. Je suis à Ame que depuis quelques semaines, je suis pas au courant de tout. Je sais même pas comment il s'appelle. Je sais juste qu'il est invisible et que c'est le maître du village, craint et respecté. Rien de plus ...

Jiraiya le crut. A vrai dire, ce n'était pas là le sujet principal actuellement. Dans un premier temps, il lui fallait savoir si une jeune Hyûga avait bel et bien déserté Konoha pour rejoindre Ame. Dans un second temps, éventuellement, la consigne de récupérer cette possible nouvelle Nukenin au sein même d'Ame pouvait être donnée, et alors viendrait le moment de s'interroger sur l'identité de ce Dieu. En attendant, mieux valait garder cela enfoui ... tout comme ces shinobi de la pluie. Ils ne pouvaient pas retourner à Ame après cela. L'attaque d'un Konohajin à leur encontre ainsi que l'obtention d'informations propres à leur village pouvaient créer des litiges entre les deux puissances militaires concernées. Tandis que la disparition de deux sous-fifres sûrement inconnus de la tête du village n'allait laisser aucun indice menant à Konoha, d'autant qu'il n'y avait eu aucun témoin de cette courte altercation. Et cette double capture pouvait toujours servir dans un avenir plus ou moins proche. Alors, simplement en posant sa main sur le front de l'homme qui lui faisait face, l'ermite transforma celui-ci en crapaud à peine plus grand qu'un pied.

- Kaeru Kaeru no jutsu !

Il attrapa le résultat obtenu, qui tentait vainement de s'enfuir vers la grande route, puis se dirigea vers l'Amejin au sol, inconscient, pour faire de même avec lui. Une fois fait, il invoqua un crapaud de la taille d'un humain et lui confia les deux jeunes batraciens fraîchement promus en lui expliquant ce dont il s'agissait. Enfin, il lui demanda de les mener au Mont Myôboku et de les garder dans cet état pour le moment, et de les garder à l’œil également. L'invocation disparut en acquiesçant, emmenant avec lui les pauvres shinobi de la pluie. Jiraiya s'épousseta alors son habit rouge vif, pensif. Étrangement, ses maux de tête avaient disparu en aussi peu de temps. Il avait l'esprit clair, et se devait à présent de retrouver l'éventuel ninja de Konoha pour parler affaire avec lui. Par où commencer ...

A suivre ...

Spoiler:

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